C’est un réel honneur pour moi d’avoir cette occasion de vous parler du Mois de l’histoire des Noirs. En un certain sens, je regrette que nous ayons encore besoin de désigner un mois pour nous souvenir des contributions des Afro-Canadiens. Je serai comblé lorsque nous n’en aurons plus besoin. Mais je me souviens de ma fierté lorsque j’ai pris la parole au Sénat du Canada et que ma résolution autorisant le Parlement du Canada à accorder son approbation officielle à ce mois spécial a été approuvée à l’unanimité par mes collègues.
Tous les ans, je prononce plusieurs discours, j’accorde plusieurs entrevues et je rédige plusieurs éditoriaux sur les réalisations importantes de nos aînés. Mais cette année, je ne vais pas reprendre le récit des contributions exceptionnelles de personnes comme Lincoln Alexander, Portia White et Viola Desmond. Aujourd’hui, ce sont nos jeunes Noirs qui sont à la une.
On constate une prise de conscience et une reconnaissance croissante de la valeur intrinsèque des contributions des Noirs aux sciences, au monde des affaires, à l’éducation, à la musique, aux sports et à la politique publique dans l’ensemble du Canada. Tous les ans en février, nous nous penchons sur ces contributions et, en 2019, nous souhaitons tout particulièrement particulariser et remercier nos jeunes Canadiens noirs qui sont sans limites, enracinés et fiers, pour tout ce qu’ils ont fait pour aider à façonner notre patrimoine, notre culture et notre identité.
Nos jeunes lisent, rédigent des thèses et plongent dans la recherche et l’histoire de nos héros noirs et, par conséquent, apprécient mieux notre patrimoine incroyable, dont ils intègrent des éléments importants à l’identité canadienne.
Nos jeunes noirs sont en avance sur leur époque. Leur curiosité et leur créativité sont sans limites. Ils ouvrent la voie. Ils sont innovateurs, créateurs, visionnaires. Ils prennent l’initiative. Certains parmi nous estiment qu’ils sont à contre-courant, même rebelles, mais si nous les regardons et nous les écoutons attentivement, nous constatons rapidement qu’ils sont nos pionniers canadiens. Il suffit de songer à l’impact et à l’emprise de la musique rap, punk rock et hip-hop sur la scène musicale mondiale. Nos jeunes noirs sont les auteurs de certains des genres dominants de musique populaire, de danse, de théâtre et d’art.
Influencés en partie par Drake et Choclaire, nos jeunes Canadiens noirs continuent à ouvrir la voie avec leurs peintures murales contemporaines et les œuvres artistiques qu’ils créent sur de vieux bâtiments, de vieilles granges, des murs abandonnés et dans le métro.
Cet art urbain puissant transmet souvent des messages didactiques lourds de sens qui renforcent nos valeurs de base canadiennes, à savoir le respect des droits de la personne – y compris la dignité de la personne – et la règle de droit. Ces jeunes répandent ces valeurs dans le monde entier par l’entremise du réseautage social qui, parallèlement, a un ascendant inoubliable sur notre patrimoine, notre identité et notre culture canadiens.
Ils ne sont pas les premiers artistes créatifs à ouvrir la voie de façon révolutionnaire. Les artistes sont en mesure de prévoir une chute ou un changement bien avant que ceux-ci se produisent. Songez à la prise d’assaut de la Bastille à Paris, le 14 juillet 1789. Forteresse médiévale et prison politique, la Bastille était aussi un symbole du pouvoir royal. Même en l’absence de médias sociaux, les artistes avaient illustré, pendant plusieurs mois précédant ce juillet fatidique, la chute du pouvoir royal dans leurs pièces de théâtre, leurs spectacles, leurs comédies, leur musique, leurs œuvres d’art et littéraires, etc. Une autre époque touchait à sa fin.
Conscients de cette influence, bon nombre des chefs révolutionnaires à Paris avaient délibérément utilisé plusieurs formes artistiques pour mobiliser le sentiment public en faveur du nouveau nationalisme. Nos jeunes Canadiens noirs ont, eux aussi, aidé à façonner notre patrimoine, notre culture et notre identité. Ainsi, pendant le Mois de l’histoire des Noirs, nous leur disons
« Merci », car leurs contributions sont prisées.